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Book no.1
Les Enfants d'Alexandrette

"...mon frère aîné, c’était une autre histoire.
Il devait avoir onze ou douze ans. En première année de collège.
Un jour il rentra le nez plein de sang, l’un de ses yeux enflé avec une énorme tâche rouge sur l’une de ses joues. Quelques boutons de son uniforme ayant été arrachés, on voyait son sous-vêtement blanc par dessous. Le col défait, il semblait tout droit sorti d’une bataille.
D’abord les cris d’orfraie de maman, puis des questionnements.
– Qui t’a fait ça ?
– Pourquoi t’es-tu battu ?
– Qui est-ce qui a commencé ?
Robert ne pleurait presque jamais. D’ailleurs, on n’arrêtait pas de lui dire qu’il était un homme, qu’il devait être fort comme un homme. Ce jour-là, il retenait ses larmes, tout en essayant de se tenir droit, malgré son état, en se mouchant de temps à autre avec un lambeau de mouchoir complètement difforme.
Il raconta que des enfants à l’école l’avaient traité de sale chrétien et de gavour. N’ayant pas supporté ces insultes, il avait fini par se jeter sur l’un de ces enfants, puis s’était trouvé sous un tas de gamins furieux sans trop pouvoir se défendre..."
Les Enfants d'Alexandrette, p.19-20

Voyage Vers l'Inconnu

"...Les cours d’alphabétisation mirent en évidence d’autres problématiques bien réelles au sein de cette grande minorité : — la soumission de la femme. — la peur de la perte d’identité culturelle et religieuse et par conséquent, les mariages arrangés ou forcés. — les violences intrafamiliales. — l’influence néfaste des traditions et de certains individus, ainsi que des groupes rétrogrades poussant les personnes à l'isolement, pour finir dans un obscurantisme communautaire. Pour commencer, nous n’avions pas de préjugé envers ces femmes. Elles étaient toutes nos aînées. Quasiment toutes voilées et pieuses. Nous souhaitions d’abord écouter leur histoire, celle de chacune. Leur vie d’avant. Pourquoi étaient-elles venues en France ? Depuis combien de temps se trouvaient-elles ici ? Pourquoi n’avaient-elles jamais été à l’école ? Avaient-elles trouvé le bonheur qu’elles étaient venues chercher ici ? Quels étaient leurs rêves ? Que pensaient-elles de leur pays d’accueil ? Quelles étaient leurs peurs et inquiétudes ? Ceci dans le but de les aider à s’exprimer, à devenir membre à part entière de l’entité sociale, de les pousser à se questionner et, en phase finale, à remettre en question les dogmes communautaristes. « Lorsque nous sommes arrivés ici, la plupart de nos voisins sont venus nous rendre visite avec des bouquets de fleurs dans leurs mains pour nous souhaiter la bienvenue. D’autres ont apporté des petits plats cuisinés pour nous… » racontèrent les femmes. « Des personnes du Centre sont venues pour nous parler des cours de français. Elles étaient prêtes à tout faire pour nous aider, et nous n’avons pas saisi cette chance. » Elles comprenaient finalement leur frustration, voire la colère de leurs voisins français qui les voyaient des années plus tard toujours incapables de parler la langue du pays d’accueil. Pas même le strict minimum. « On ne peut même pas lire et écrire en notre langue. Alors, apprendre le français, nous est impossible. » disaient-elles. Fillettes, c’était leur père qui les avait empêchées d’aller à l’école. La position des autres hommes de la famille ne valait guère mieux. Plus tard, c’était leur mari qui avait pris le relais. Elles n’avaient pas eu le courage de lui tenir tête..."

Pages 102-103

prochainement...

Recueil des poèmes
"Avrupa Hayalleri"
(Tr)

"...Dostlarım bilirler. Sohbetlerimde, adını dilimden hiç düÅŸürmediÄŸim, kendisini sıkça andığım biri vardır: Babam.

Kısacık ömrünü eÅŸi benzeri az bulunur insan maceralarıyla bezemiÅŸ, deli-dolu biriydi.

Hayatını, « baÅŸkalari ne düÅŸünür, elalem ne der ? » tasasıyle deÄŸil de, hissettiÄŸi ÅŸekilde yaÅŸamaya alışmış istisnai bir insandı.  Canı istediÄŸinde bağıra bağıra ÅŸarkılar ve türküler söylerdi meselâ. Sofrasını Halil Ibrahim gibi herkese açık tutar, elinde olanı büyük bir cömertlikle ihtiyaç içindekilerle paylaşırdı.

Unutamadığım anılardan biri:

Bir yaz günüydü ve saat geceyarısını vuruyordu.

Babam yanında üç küçük müzisyenle geldi eve.  Herbiri dokuz-on yaÅŸlarında çingene kökenli bu çocuklari bize emanet etti önce:

“ Kızım, alın bu çocukları yıkayın ve üstlerine temiz giysiler verin.”  

Yıkanıp giyindikten sonra çocuklar karınlarını doyurdular. Ardından da Türk müziginden nefis parçalar çalmaya baÅŸladılar. Çocukların  biri keman çalıyordu, ikincisi klarinet, üçüncüsü de darbuka.

Beklenmedik bir zamanda, o sıcak Akdeniz akÅŸamında içimizi serinleten, ruhu okÅŸayan bir sanat müziÄŸi konseri dinledik.

Bir başka anı daha:

Kostüm-kravat giyinmeye alışmış babam, eve ceketsiz ve ayağında plastik terliklerle geldi bir gece. Ağızlar bir karış açık, hayretle onu seyreden aile efradına olanları anlatınca durum anlaşıldı: GüneydoÄŸudan gelmiÅŸ üstü başı periÅŸan iki gencin hâllerine acıyıp onları restorana davet etmiÅŸ, yemekten sonra de birine ceketini, diÄŸerine de en sevdiÄŸi ayakkabılarını vermiÅŸti..."

Book no.2
Book no.3
Book no.4
Book no.5
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